QUI SUIS-JE ?

                             3.

Je me suis réveillée à 5h du matin comme tous les les jours depuis plusieurs mois. Je suis seule, debout dans un long couloir lumineux.


Ma respiration saccadée vient tout juste de me sortir de mon inconfort. Hors d'haleine, je reprends doucement mon souffle. Tremblante de peur, mais décidée, j'avance tout de même. J'avance, sans détour, je regarde devant moi, jusqu'à une porte. La première porte. La première parmi tant d'autres portes. Cette porte n'est particulièrement pas large. Elle ressemble à une porte de cellule d'un prisonnier. 


Je serais prisonnière derrière cette portée et j'ai la forte envie de l'ouvrir pour m'échapper et me sauver vite de là. M'enfuir très loin. Dès que possible. M'échapper, là, maintenant, tout de suite. Seulement, je ne suis pas dans une prison. En tout cas, cela n'en a pas l'air. Je ne suis pas dans une pièce, enfermée à double tour. Avec des barreaux aux fenêtres et un petit lit avec un matelas où dormir, ou une banquette pour s'allonger en attendant de purger ma peine. Est-ce mieux ou pire ? Je ne sais pas.


 Quel qualificatif donner à cet instant de doute et d'indécision ? Quelle décision dois-je prendre ? Quelle décision vais-je prendre ? Je prends la décision d'ouvrir la première porte. 


Je verrai bien ce qu'il y'a à l'intérieur de la pièce. Si la porte n'est pas verrouillée à clé. Je ne sais pas pourquoi, je me surprends, en train de tourner la poignée de cette porte qui sera peut-être mon salut. Je pousse, j'écarte vers la droite pour découvrir l'intérieur de la pièce. Très lentement, tout doucement, je pousse pour ouvrir, j'entrebaille. J'ai peur qu'il y ait un crissement à l'ouverture de la porte quand je l'écarte, après avoir entendu le clic qui m'a assuré que la porte n'était pas fermée à clé. 


Je me décide à tourner la poignée, très très doucement. Très très doucement. Lentement. Mais avec force et les mains tremblantes. Surtout, pas de mouvements brusques. Même si j'ai très envie de faire du bruit. Pour que l'on sache que je suis là. Pour savoir s'il y'a quelqu'un derrière cette porte qui puisse m'entendre. S'il y'a âme qui vive en dehors de moi dans cette immense solitude qui s'installe de plus en plus. Faire du bruit en tournant brusquement la poignée de la porte, ce serait une bonne idée, peut-être. Pour se faire entendre et pour se précipiter dans l'autre pièce et avoir la satisfaction de se trouver en face ou au beau milieu d'autres personnes. Des personnes accueillantes et surprises de me voir là.


Très lentement, j'entrebaille la porte en la poussant le plus délicatement possible. Qu'est-ce qu'il y'a derrière cette porte ? La pièce est un peu sombre. Mais elle est quand même éclairée. Un très faible éclairage. Je dois pousser encore plus fortement la porte, très lentement, et plus grandement pour l'ouvrir. Sinon, je ne pourrai pas voir ce qu'il y'a dans cette pièce. Quand la porte s'ouvre enfin, je sens le vent frais qui me caresse les joues en soufflant et j'aperçois une ampoule accrochée au plafond. En face de moi, l'immensité toute nue à perte de vue.


Qui suis-je ?

Une naissance.


Par : Justine Yilargnin Bazie

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